Le projet Peillon de refondation de l’école : une entreprise totalitaire
En ces temps de rentrée scolaire, il nous a paru opportun de revenir sur la circulaire Peillon de janvier 2013 (voir l’article paru dans notre n° 672, avril) et sur son projet de loi puisqu’il est désormais voté pour entrer en vigueur à l’horizon 2014-2015. Mais, avant de savoir à quelle sauce idéologique seront assaisonnés et dévorés les enfants de France par le moloch, il n’est pas inutile de rappeler quelques évidences historiques et mettre en lumière la continuité « spirituelle » entre ce monsieur et les pères fondateurs de la Laïque.
LA NEUTRALITÉ DE L’ÉCOLE, VASTE BLAGUE !
L’un de ses attributs, régulièrement mis en avant par les promoteurs de la Laïque et même par les tartuffes et autres idiots utiles de l’enseignement catholique institutionnel, serait sa neutralité, garante de son impartialité. Ce discours fut tenu en son temps par Jules Ferry et consorts pour enfumer le bon peuple et faire passer leur projet : en gros, l’école laïque, gratuite, obligatoire est forcément neutre puisqu’elle s’adresse à tous les petits Français quelles que soient leurs convictions. L’enseignement dispensé doit pouvoir être reçu par tous.
Mais, de quelle neutralité s’agit-il ? Confessionnelle ? Philosophique ? Le concept d’école neutre porte en lui-même sa propre contradiction. Puisqu’il s’agit d’un projet, il faut bien prendre un parti ! CQFD. En réalité, jamais le but des fondateurs de l’école laïque ne fut de donner un enseignement neutre aux élèves pas plus que les instruire d’ailleurs. Ceci n’était qu’un objectif secondaire. La priorité était d’arracher les consciences à l’Eglise, de former de bons républicains, donc d’éduquer plus que d’instruire, ou , si l’on préfère, instruire pour éduquer dans le sens voulu. Il est impossible dans le cadre de cet article de procéder à la recension de toutes les citations et déclarations faites dans ce sens par les pères laïcards à l’époque. Un livre qui fait bien le point sur la question, qu’il faut lire ou relire, est celui de François Brigneau, Jules l’imposteur (1), dans lequel l’auteur met magistralement en lumière cette imposture idéologique. Et pour que les choses soient bien claires à propos de cette prétendue neutralité, laissons la parole au franc-maçon René Viviani, socialiste et ministre de l’Instruction publique en 1904, déclarant à l’époque au journal L’Humanité : « La neutralité est, elle fut toujours un mensonge, peut-être un mensonge nécessaire… le passage à franchir était périlleux… on forgeait au milieu des impétueuses colères de la droite la loi scolaire. C’était beaucoup déjà que de faire établir une instruction laïque et obligatoire. On promit cette chimère de la neutralité pour rassurer quelques timides dont la coalition eût fait obstacle à la loi ».